Quoi???!!! C'est pas vrai??!!! Oui on vous entend

14 mai 2016

Quoi???!!! C'est pas vrai??!!!

Oui on vous entend d'ici à vous exclamer!! « Ah ben enfin, c'est pas trop tôt, enfin des nouvelles ». Sachez que si on s'est fait discret ces derniers temps c'est juste qu'on n'avait pas le temps!! Par ailleurs, ici nous n'avons pas de wi fi (choix des propriétaires) et devons profiter de leur forfait limité ou aller à la bibliothèque aux heures d'ouverture.

On va reprendre le fil sans trop savoir où on l'avait arrêté.

Après 1 mois bien trop long chez Jerry l'esclavagiste des bois, nous sommes partis sur Cortes Island à une demi heure de ferry (voire 45 minutes) de Quadra Island, soit à trois ferry du continent tout de même.

Après un accueil plus que chaleureux avec un vrai hug bien d'ici, nos nouveaux hôtes nous ont montré nos quartiers : une yourte de 10m de diamètre. Ca change de la chambre minuscule partagée à 4 de chez notre ancien Woof.

Ici la vie est douce et si agréable et on partage vraiment l'art de vivre à la Cortésienne, vie si éloignée de celle que tout un chacun connaît. Un séjour ici vous fait devenir bien peu supportable sur du long terme une vie en ville, quand bien même il s'agit d'une ville aussi agréable que Victoria, dans le sud de Vancouver Island.

Ici tout est question de partage et de soutien, les grands aident les petits, les forts aident les faibles, les riches aident les pauvres, l'homme sert et respecte la nature et la nature le lui rend bien, et tout cela semble s'apprendre à l'école.

L'école publique enseigne l'art de vivre avec la nature, l'autonomie en plus des programmes classiques... Encore que, rien ne semble classique ici, comprendre « ressemblant à ce qu'on connaît en France ». Le jardinage version bio est enseigné à l'école en travaux pratiques.

La superficie et la densité de l'île conduisent à des classes à double voire triple niveau pour tous les enfants. Certaines années, il y avait dans l'école entière, légèrement plus d'enfants qu'on peut en trouver dans une seule classe chez nous. Ca favorise la proximité et la bonne connaissance des uns et des autres. Enseignants, secrétaire, agents d'entretien, enfants, parents, tous s'appellent par leur prénom et le directeur n'échappe pas à la règle. On reste donc surpris quand, dans le secrétariat, une enfant déboule interpellant « Brant », le directeur, pour lui demander si elle peut appeler sa mère car elle a oublié quelque chose à la maison.

Mais que faisions nous à l'école nous direz vous?? Et bien, à peine arrivés chez Andrew et Diane, nos hôtes, Diane nous a signalé que des activités gratuites étaient proposées par l'école, nous y conduisant dès notre premier jour. Les enfants se sont éclatés avec leurs pairs à apprendre à jouer au basket.

Diane nous a parlé aussi de certaines activités pédagogiques pour les enfants scolarisés, nous séduisant sur le champ, comme par exemple un séjour de camping pour observer les animaux, les répertorier, les recenser...

Malheureusement, n'ayant qu'un statut de touriste ici, l'inscription à l'école publique ne nous a pas été accessible.

Qu'a cela ne tienne, d'autres alternatives se sont ouvertes, comme « l'école » privée nommée Lake House dont les guillemets vous indiquent tout de suite qu'il s'agit une fois de plus de quelque chose de bien particulier.

Nous y avons inscrit Adam et Déborah pour le mois afin qu'ils soient en contact avec d'autres enfants, mais s'il était possible qu'ils y restent jusqu'à la fin de leur vie, je pense qu'ils sauteraient sur l'occasion.

Pour la première fois, Adam nous a raconté ce qu'il avait fait et appris à l'école sans évoquer des conflits rencontrés avec les autres, chose qui était monnaie courante jadis. Déborah et lui demandent à faire leurs devoirs car ils y trouvent un réel plaisir.

Le secret : Lake House demande le matin aux enfants ce qu'ils veulent faire, leur proposant différentes activités. Les plages horaires s'étalent de 10h à 15h avec une pause déjeuner en commun (pas de retour à la maison ni de cantine, chacun amène son doggy bag) ce, 2 jours par semaine.

Lake House ne s'appuie pas sur un programme scolaire imposé par le gouvernement.

Lake House n'a qu'une seule classe pour des enfants de 5 à 18 ans.

Lake House ne donne pas de note, n'évalue pas, ne juge pas et ne met pas l'enfant dans un esprit de compétition.

Et Lake House, dans son esprit ultra ouvert nous paraît, à nous bons Français, comme un centre de vacances. Sachez qu'en tout cas les enfants sont épanouis comme jamais ils ne l'ont été et n'est ce pas là le principal? En tout cas c'est notre priorité à nous.

Photo travaux pratiques Lake house : « les gnomies »

Andrew et Diane n'ont pas d'exploitation. Il s'agit de particuliers disposant de 20 acres de terrain et plein de projets en tête en plus de leurs activités de réparation de vélo pour Andrew et de leurs deux enfants de 13 et 9 ans. Nous les aidons à rendre tout cela possible en accomplissant des tâches de toutes sortes.

Ainsi, le jardin a été entièrement nettoyé et planté, ce qui n'était pas une mince affaire.

Un petit exemple : les framboisiers

Avant intervention:

Après:

Quelques menues tâches demeurent et nous nous y attelons chaque jour. La gentillesse de nos hôtes nous conduit à ne pas respecter les 2h30 de travail quotidien attendues pour faire bien plus. Ici nous oeuvrons pour un projet, nous participons à la création de quelque chose, et nous y travaillons comme si c'était pour nous même, embrassant l'état d'esprit Cortes.

Un projet de location saisonnière fait partie de leur liste et nous travaillons aussi sur la réparation/construction du bâtiment destiné à cet usage.

David aide volontiers Andrew dans son atelier de réparation de vélo et apprend toutes les ficelles du métier par la même occasion. Ensemble ils ont modifié un vélo pour en faire une draisienne et Adam apprend ainsi seul et à son rythme (celui d'un vélo en descente il faut l'avouer) à faire du vélo! Deux jours auront suffi pour qu'il se sente à l'aise et demande à ce qu'on remette les pédales.

Sous peu, Déborah aura le sien aussi.

Croyez le où non, mais tout cela ne nous aura rien coûté, si ce n'est un peu de temps. Car nous avons découvert une autre offre de Cortes : le free store.

Au début, quand Andrew nous a parlé du free store, on n'a pas très bien compris le concept, de quoi il s'agissait, formaté par la société capitaliste de laquelle nous sommes issus. Comment les mots « magasin » et « gratuit » peuvent ils être rendus compatibles??? Venez à Cortes et vous comprendrez.

Le free store se trouve dans l'enceinte de la déchèterie. Des bâtiments ont été construits pour que les gens puissent y déposer ce qu'ils ne veulent plus mais qui n'est pas un déchet, et qui peut intéresser d'autres personnes. En gros c'est le magasin d'occasion sans caissière. Nous nous sommes ainsi équipés entièrement, car au free store on trouve de tout. Imaginez vous, déménageant, et ne pouvant tout amener : vous irez au free store avec votre voiture chargée et vous y déposerez ce que vous ne voulez plus ou ne pouvez pas amener avec vous.

Vous changez de télé, de canapé, de lit, vos anciens effets qui vous encombrent iront au free store, contentant celui qui les débusquera en chinant.

On trouve parfois des perles, des trucs neufs ou au contraire vintage, des poêles ou marmites le Creuset ou Lagostina comme neuves une fois récurées par la tornade blanche qui sommeille en chacun de nous.

Des bouquins à foison qui nous permettent de faire progresser notre anglais, des draps, des oreillers en plumes (oui oui, incroyable, ce qui coute la peau des fesses chez nous), des taies qui nous permettent de refaire des oreillers tout neufs une fois les plumes lavées...

Bref, on est devenu addict, ce d'autant qu'on prévoit de s'acheter sous peu une caravane et qu'il va bien falloir l'équiper.

Ayant voyagé léger pour venir jusqu'ici, nous refaisons notre garde robe entièrement en dénichant des articles de marque et dans un état impeccable en fouinant un peu.

Lorsqu'enfin vous arrivez à vous extirper de cet antre de promesses et de réjouissances complètement gratuites, les bénévoles vous accompagnent d'un grand merci vous demandant de revenir dès que possible vous indiquant les heures d'ouverture : le manque de place pour mettre tous les dons les y conduisant tout naturellement.

Quand on quitte Cortes pour aller sur Victoria par exemple, on ne peut éviter les magasins de seconde main dans lesquels nous n'étions jusqu'ici jamais entré pour y faire des achats. Les occasions sont trop bonnes, notamment à l'armée du salut qui n'est pas faite que pour les pauvres : quand vous achetez, vos deniers aident les nécessiteux, donc vous faites une bonne action.

Nos dernières trouvailles : une machine à coudre dont nous devons vérifier le bon fonctionnement (free store) et un moulin à café à 4$ canadien (armée du salut), en plus des jeans GAP ou Levis pour 3$ (armée du salut toujours), qui dit mieux. Nos repères sont changés, forcément.

Mais rassurez vous, les prix gonflés sont aussi disponibles dans des boutiques classiques!

Et puis Cortès c'est aussi des paysages à vous couper le souffle, des vues de dingue où le choix n'est pas proposé entre mer et montagne mais évité comme un incontournable par la nature : mer et montagne.

Cortès c'est des huitres et des clams à profusion lorsque la mer se retire : on marche sur des tapis d'huitres, c'est juste incroyable.

Vue depuis la résidence secondaire d'une artiste française:

Ce sapin s'est éffondré après une mort naturelle... 40m de longueur

Notre "cueillette" sur la plage à marée basse

Le lieu du déli en compagnie d'Andrew:

Et Andrew nous explique l'origine de cette marée blanche... En espérant que le lien vidéo fonctionne

Cortès c'est des lacs aux plages de sable fin blanc nous laissant presque croire qu'on est aux Seychelles.

Cortès c'est cette impression d'être dans un zoo à ciel ouvert avec des biches qui traversent devant vous, broutent dans votre jardin ou vous regarde passer en voiture comme des vaches regardent passer un train.

Nous ne sommes toujours pas résidents permanents et n'avons qu'un visa touriste mais comment, après cela, imaginer reprendre ce que vous appelez une vie normale, avec le boulot, les impôts, la fonction publique, les voisins à 5m, les horaires et la course qui va avec?... On n’échappera peut être pas à tout mais on va s'y atteler pour éviter le maximum de ces options!

Au delà de Cortes, ce sont tous les endroits visités qui nous appellent à eux, à rester et embrasser cette vie canadienne. Ici pas de jugement lorsqu'on se dit végétarien, végan, sans gluten, sans produits laitiers ou quoi que ce soit d'autres. Au contraire, sur tous les menus sont proposés des plats végétariens avec une adaptation en sans gluten possible, même dans les resto type burger!!

Et devinez quoi? Même dans les administrations les accueillants sont dignes de ce nom, y compris au service paiement des contraventions que nous avons eu le bonheur de visiter pour dépassement de délai autorisé de stationnement (à Victoria).

En ce qui concerne la vie en yourte, notre expérience nous ôte tous nos préjugés (c'est un truc de bab, et bla bla bla). Est ce parce que la nôtre est hyper spacieuse (on y case 3 canapés, 2 lits doubles, 3 tables basses, un poêle à bois, un frigo, une gazinière, un plan de travail, une énorme commode et 3 grandes étagères sans se sentir à l'étroit) ou à cause de la circularité de l'espace (vous savez les histoires de feng shui, d'énergie et je ne sais trop quoi), mais quoi qu'il en soit, on s'y sent super bien, reposé dès qu'on y met les pieds.

Diane et Andrew sont deux personnes qui savent se rendre disponibles pour les autres. Ils passent des appels pour nous lorsque nous en avons besoin, font des recherches pour nous, contactent leur réseau et nous amène dans toutes leurs « party » nous amenant à découvrir des gens différents et toujours intéressants.

En ce moment ils nous aident dans notre recherche de caravane, appelant leurs amis pour diffuser l'info, ou l'assurance pour connaître les modalités de couverture etc.

Le feeling que nous avons eu ensemble les ont conduit à nous proposer une partie de leur terrain pour une somme dérisoire (5 acres pour 150.000$ canadien), ou encore de laisser notre caravane ici lorsque nous l'aurons achetée pour en faire notre résidence de vacances, à prévoir les plantes qu'ils nous donneront lorsque nous aurons notre chez nous (telle variété de framboise est meilleure que telle autre...) et espèrent nous revoir cet été lorsque le jardin donnera tous ses fruits.

Quant aux enfants, nous ne pouvions pas mieux tomber puisqu'ils s'entendent à merveille avec les enfants d'Andrew et Diane. Surtout avec le plus jeune qui est plus proche de leur âge et partage donc les mêmes préoccupations et jeux.

La gentillesse naturelle et spontanée de Théo (9ans) profite à nos enfants et Adam s'apaise chaque jour davantage, lui dont la sensibilité le conduit à ne pas être toujours adapté à son entourage.

Sa créativité s'exprime chaque jour et semble sans fin. C'est un besoin pour lui. Il stimule sa sœur sur cette voie sans rien en dire, juste par effet d'imitation.

La lecture est un de ses plus grands plaisirs, et Déborah, qui ne sait pas encore lire, apprécie tout autant les moments où elle prend un livre pour en dévorer les images.

Leur sens de l'humour s'affine et devient plus subtile.

Leur curiosité leur permet de profiter pleinement de ce que la vie leur offre, notamment l'expérience « plâtrée d'huitres et de clams cuites (je précise)» fraichement ramassées sur la plage à la marée basse!!

Pour ceux qui n'ont jamais goûté aux huitres cuites, imaginez la texture d'un foie de volaille et le goût assez neutre qui permet tous les assaisonnements et vous aurez un aperçu. La chair de l'huitre, une fois cuite, n'est absolument pas caoutchouteuse comme peut l'être celle de certains coquillages et l'huitre fond en bouche. On se ressert!

Chaque rencontre est l'occasion d'une nouvelle expérience riche en apprentissage, comme avec Tamias, la voisine d'Andew & Diane qui a montré aux enfants comment faire du feu à la façon Croods, en frottant des bois ensemble, et ça marche!!!